Décryptage

Publié le par Pouet-Pouet

Allez, une petite pause dans mon délire autistique des p et t. Attention, vous ne gagnez pas forcément au change (ne serait-ce que par la longueur rébarbative de cet article).
Comme le texte qui suit n'a en lui-même que peu d'intérêt, je vais essayer ensuite de vous détailler le processus tortueux qui l'a enfanté.


L'élision dangereuse

Ce texte respecte l'effet d'e de Perec.
Certains vers cependant adoptent des contraintes
Amollies. Les difficultés varient avec
Elégance... éloquence extravagante empreinte
D'oulipo. L'avatar m'apparaît n'offrir d'art
Que ce que l'exercice tolère. Bizarre !

Le vicomte Etienne rêve de bagatelle
D'autant qu'inassouvi l'aristo n'a d'amis.
Erotomane espiègle, Etienne effeuille Estelle ;
Lorsque le libertin se sent enfin remis,
Entre Eléonore, marâtre de l'enfant.
Elle est très éméchée, prend l'épée et le fend.

Lui qui la croyait au Sud aurait dû partir
Plus tôt, mais il n'aurait vu son strip aboutir.

Bon, quelques explications s'imposent. Un contributeur de la liste Oulipo a récemment signalé qu'il avait écrit un roman de 150 pages, je le cite, "avec une particularité : c’est que cette lettre « E » (cinquième de notre alphabet) s’est insérée avec persistance et agacement entre toutes les autres lettres de mes vocables, paroles et expressions réalisant cet écrit."
Les habitués des contraintes oulipiennes auront compris qu'il s'agit d'une variation allégée du monovocalisme en "e", célébré par Georges Perec. Les participants de la liste s'en sont ensuite donnés à coeur joie. J'ai essayé de réunir les différentes pistes proposées, en réunissant six variantes de la contrainte dans le texte ci-dessus. 

Vers 1 et 12 : monovocalisme en e
Vers 2 et 11 : contrainte allégée de Patrick Cuadrado, au moins un e par mot
Vers 3 et 10 : un et un seul e par mot
Vers 4 et 9 : tous les mots commencent et se terminent par un e
Vers 5 et 8 : quelqu'un a remarqué que l'apostrophe posait problème, car elle remplace parfois une voyelle autre que e. D'où cette contrainte : des apostrophes sous-entendant uniquement des e. C'est aussi elle qui donne le titre au texte (l'élision étant un contre-exemple avec a)
Vers 6 et 7 : un e final pour chaque mot.

L'épilogue/épitaphe adopte le procédé inverse, le lipogramme, pour marquer la disparition de ce bon vicomte...
Je ne voudrais pas vous laisser sur l'impression que tout cela est indigestement sérieux. Alors je signale pour finir que le choix du prénom de la marâtre est inspiré des fameux Monsieur et Madame ont un fils/une fille... en l'occurrence c'est la famille Pazosud.

Voilà voilà, merci de vous être accroché jusqu'à la fin.

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Publié dans Où l'hippo triture

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C
<br /> La route vraie(fermaton.over-blog.com)<br />
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D
Contraintes tordues !Si je puis me permettre, j'ai deux monovocalismes en E sans accents à mon actif :http://darius.hyperion.over-blog.com/article-12738493.htmlhttp://darius.hyperion.over-blog.com/article-7081197.htmlCordialement
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R
Bel exercice de poétique sous contrainte.Il est vrai que la référence à Pérec met la barre assez haut...Bravo.runner
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A
Trop calé pour moi :  croyante, mais non pratiquante...De Raymond Queneau, premier Oulipien, je préfère le cinglant " Zazie dans le métro ".;;Mais -loin de snober ta culture - je m'en nourris avec grand appétit.Une perle de plus à mon collier du savoir...Bien cordialement,                             Alice.
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E
N'as-tu point peur de la surchauffe cérébrale?En tous cas, c'est réussi tes exercices de style..bon w-e à toi.
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